La place de la femme au sein des différentes sociétés a connu une évolution tortueuse. Ce n’est que dans les années 1840 que de nombreuses femmes revendiquent l’idée d’une égalité entre les genres à la suite de nombreux siècles passés sous l’estampille de leur infériorisation. S’ensuivent alors de nombreux combats et désormais, il est admis que ces inégalités systémiques et sociales subsistent au sein de toutes les populations mondiales – certes à des proportions divergentes. Cette condition les a-t-elle pour autant empêchées de contribuer au façonnage de notre société ainsi qu’à l’élargissement de nos connaissances au fil de l’Histoire ? Quels sont les rôles silencieux des femmes d’hier comme d’aujourd’hui et dans quels domaines ?
En s’imprégnant d’une pluralité de témoignages, bibliographies et documents historiques, nous aspirons à nous instruire sur ce pan marquant de notre histoire. Nous partons à la rencontre de ces vies insoupçonnées et muettes, de ces femmes qui ont oeuvré dans l’ombre et le silence.
Silence des exploits scientifiques, politiques, silence des livres et des images, un silence qui nous interroge sur qui sont les Méconnues de l’Histoire et nous a déterminé à fonder un groupe de lecture autour des ces fabuleuses destinées.
Ce groupe de lecture est exotérique, il est ouvert à toutes et à tous. Nous tenons à avoir des discussions ouvertes, inclusives de toutes contributions et sans prise de parti émotionnel.
Organisation: Marine Van Campenhoudt / Mélanie Imhof / Sophie Ratcliff
Proposition de littérature et programme :
1ère rencontre (octobre 2020) – Introduction
- Introduction dans Les femmes ou Les silences de l’histoire – Michelle Perrot (2020)
- Une partie au choix (les aventurières, les militantes, les artistes, les scientifiques…) de Ni vues ni connues – Collectif Georgette Sand (2019)
2e rencontre (novembre 2020) – tour d’horizons de l’Histoires de femmes
- Les femmes qui pensent sont dangereuses – Stefan Bollman (2013) / 25 portraits de femmes, maîtresses à pensée, chercheuses, combattantes pour les droits des femmes, rebelles ou femmes politiques, qui critiquèrent les systèmes en place, se frayèrent un chemin dans des domaines de connaissances jusque-là masculins bien que fortement sous-estimées.
3e rencontre (décembre 2020) – fondements historiques
- Deuxième partie L’Histoire dans Le Deuxième Sexe, Les Faits et les Mythes – Simone de Beauvoir (1949) / Simone de Beauvoir est une figure de la littérature française du 20ème siècle qui incarne des aspirations politiques féministes. Inscrit dans le courant de l’existentialisme, cet ouvrage permet d’asseoir le féminisme sur des postulats historiques et philosophiques. « On ne naît pas femme, on le devient. » condense ultimement les enseignements de son féminisme.
4e rencontre (janvier 2021) – Récit d’une scientifique
- Ada ou la beauté des nombres – Catherine Dufour (2019) / À 25 ans et déjà mère de trois enfants, Ada Lovelace décide d’apprendre les mathématiques. Elle entre en relation avec Charles Babbage, concepteur d’une machine à calculer révolutionnaire pour l’époque. Inspirée par le moteur analytique de Babbage, Ada Lovelace a l’intuition de ce qui deviendra l’informatique. Elle a marqué notre civilisation autant que Pasteur, Einstein ou Fleming. Et pourtant, le nom d’Ada Lovelace, qui a inventé l’informatique, qui l’a tirée du néant, est encore largement méconnu.
5e rencontre (février 2021) – Témoignages d’espionnes pendant la guerre froide
- Les Espionnes racontent – Chloé Aeberhardt (2017) / Au terme de cinq années d’enquête entre Paris, Washington, Moscou et Tel-Aviv, la journaliste Chloé Aeberhardt a retrouvé la trace des espionnes des principaux services de renseignement engagés dans la guerre froide. Ces retraités de la CIA, du KGB, du MI5, de la DST ou du Mossad l’ont reçue chez elles et lui ont raconté le rôle décisif qu’elles ont joué dans le conflit Est-Ouest, de la pénétration des cercles du pouvoir occidental par les agents soviétiques à la traque des anciens nazis en Amérique du Sud en passant par l’exfiltration des juifs falachas d’Éthiopie vers Israël dans les années 1980.
6e rencontre (mars 2021) – Travail dans l’ombre et vol intellectuel
- Rosalind Franklin, La Dark Lady de l’ADN – Brenda Maddox (2012) / Rosalind Franklin est une physico-chimiste britannique, née le 25 juillet 1920 à Notting Hill et morte le 16 avril 1958 à Chelsea. Pionnière de la biologie moléculaire, elle formule la première dans un rapport non publié la structure hélicoïdale de l’acide désoxyribonucléique (ADN), découverte spoliée par Watson et Crick qui accèdent à son travail.
Proposition de lecture complémentaire : Un Lieu à Soi – Virginia Woolf (1928) / “Une femme doit avoir de l’argent et un lieu à elle si elle veut écrire de la fiction.” Ces propos simples font écho à la dépendance économique des femmes qui les prive de leur droit à l’éducation ainsi qu’à la création. Nous soulignons notamment un argument soutenu par une expérience de pensée qui travestit William Shakespeare en sa soeur imaginaire et conclut implacablement à deux trajectoires littéraires radicalement distinctes.
7e rencontre (avril 2021) – Intersectionnalité
- Sister Outsider ; essays and speeches – Audre Lorde (1984) / Cet ouvrage fait figure de texte fondateur du féminisme des femmes de couleur. Audre Lorde avait pour vocation de militer pour les femmes passées sous silence et a gravé cet héritage dans son art littéraire. L’essayiste s’incluant personnellement dans la désignation de « sœur marginalisée », elle peint la toile d’un système d’oppression multiple qui réprime ses diverses facettes identitaires – avec l’obstination d’être fidèle à ce qu’elle est.
8e rencontre (mai 2021) – réflexion sur les discours performatifs
- Sex and Death in the Rational World of Defense Intellectuals – Carol Cohn (1987) / Il s’agit d’un article de 32 pages paru dans Signs. La plume de Carol Cohn constitue une immersion dans les sous-sols de la défense américaine. Elle révèle que l’orientation du langage des rapports de la Défense permet de désensibiliser ses auteurs à l’horreur de la guerre et épingle les innombrables métaphores misogynes qui décrivent froidement les missiles qui ciblent les « plus beaux trous » (e.g.).
9e rencontre (juin 2021) – conclusion, ouverture et lecture à choix
- Culottées – Pénélope Bagieu (2016) / Quinze portraits de femmes qui ont inventé leur destin.
- Proposition de lecture complémentaire : Conquest, Sexual Violence and American Indian Genocide – Andrea Smith (2015) / Cet ouvrage s’articule autour du recours au viol par les colonisateurs et à l’extension de cette « violabilité intrinsèque » des femmes Autochtones à leur territoire et possessions, notamment en Amérique du Nord. La suprématie blanche et le patriarcat sont deux notions indissociables selon l’autrice – qui requièrent des stratégies de combat différentes de celles que l’on plébiscite actuellement.
Langue de travail : majoritairement français, ouvrages exceptionnellement en anglais
Lieu de rencontre : Chefs-lieux romands
Période : octobre 2020 – juin 2021
Participants : max. 12 personnes